mercredi 23 mars 2011

1er tour des cantonales 2011: totalisation départementale

INSCRITS

136 659

VOTANTS

66 879

47.9

EXPRIMES

64 315

EXTREME GAUCHE

233

0.4

FRONT DE GAUCHE

4 712

7.3

PS-PRG-DIVERS GAUCHE

20 392

31.7

VERTS

5 613

8.7

TOTAL GAUCHE

30 950

48.1

MODEM

123

0.2

DIVERS DROITE-UMP

28 960

45.0

FN

4 282

6.7

TOTAL DROITE

33 365

51.9


La totalisation montre que la droite FN compris est majoritaire. Ce total s'élevait en 2004 à 52.3% des exprimés. Le FN est passé de 7.4% à 6.7% mais il était alors présent dans 18 des 19 cantons. La participation était de 68.9% contre 47.9% en 2011. Le nombre de voix du FN est passé de 6 233 à 4 282.
Le bureau Littré de Châtellerault a fait couler beaucoup d'encre et de salive depuis dimanche. Ce bureau d'orientation gauche/droite incertaine (voir les récapitulatifs des élections municipales) a été particulièrement abstentionniste (77.3%). Cela qui relative le score du FN qui certes est en tête, mais avec 30% des 23% d'électeurs venus voter.

lundi 21 mars 2011

Enfin de compte, ces élections cantonales aboutissent à des résultats assez classiques pour ce type de scrutin.
La forte abstention si souvent décrite est ainsi conforme à ce qui se passe dans une élection où seule la moitié des cantons votent sans que les électeurs soient en même temps appelés à se prononcer pour un autre scrutin. On retrouve ce qui faisait la particularité des cantonales dans les années 50 à 75: peu de mobilisation, prime au conseiller sortant et nombre de candidatures peu important, sauf dans quelques cantons. Les cantons urbains, à l'électorat populaire sont systématiquement très fortement abstentionnistes, tandis qu'à la campagne, la participation est fort convenable. Cette situation s'explique par le fait que le rôle du conseiller général est mieux perçu en milieu rural qu'en milieu urbain. Ainsi, nombreux sont les électeurs qui ne savent à Poitiers que peu ou pas qui est leur élu départemental, et qui identifient mal les pouvoirs d'un conseil général dont les actions sont masquées par celles de la municipalité. Le vote y est donc d'ailleurs plus politique, ce qui est l'inverse dans le monde rural.
Cette dynamique de la participation plus forte à la campagne et plus faible à la ville n'a rien d'étonnant dans la mesure où elle fut un choix du législateur lors du vote de la loi électorale de 1874. Les conseils généraux devaient constituer un élément de stabilité dans une France encore enclin à des poussées de fièvre politique urbaine. C'est d'ailleurs pourquoi le découpage des cantons favorisait les zones rurales aux zones urbaines. Notons que ces conseils généraux, en cas de vacance du pouvoir central pouvaient se substituer à lui...
De cette époque reste un découpage pourtant plusieurs fois révisé mais frappé par la sousreprésentation structurelle des zones urbaines. La gauche butte donc dans la Vienne sur un obstacle quasiment insurmontable: sortir des cantons peuplés où elle obtient des majorités très fortes pour tenter de mettre en difficulté la droite dans des cantons historiquement orientés à droite et à l'électorat réduit. Et qu'on le veuille ou non, un problèmes de représentativité des électeurs du département se pose bien. A noter qu'il est le même dans d'autres départements au profit de la gauche socialiste. Le redécoupage régulier de circonscriptions équilibrées, ou la mise en place d'un scrutin de liste devront bien être un jour envisagés.
La stabilité de la représentation départementale résulte de tous ces attendus et n'a donc rien d'extraordinaire. Il faut être l'électeur poitevin, et donc un peu trop porté sur l'idée que les choses changent vite pour croire que des évolutions assez radicales auraient pu s'opérer.
Ce scrutin est fait de retours à la normale y compris dans la répartition des voix. Là où les candidats du FN se sont présentés, ils retrouvent des pourcentages qui rappellent ceux de JM Le Pen en 2002. Il n'y a pas de poussée FN à Châtellerault sud et la droite n'est pas dans une situation pire qu'à d'autres cantonales. Dans les années 70, le communiste R. Sauvion fut seul candidat au second tour, la droite très divisée n'ayant pu se qualifier face à lui, tandis que le PS se désistait en sa faveur. La situation est aussi normale aux Trois-Moutiers avec un cumul à droite qui monte à près de 75% des exprimés. On retrouve à la Trimouille les résultats de 2004. Tout cela pour dire qu'en fin de compte c'est sans doute plus un vote motivé par la personne qui a donné dans ces deux circonscriptions la majorité à S. Royal lors des régionales de 2011, plutôt qu'une condamnation de la politique de N. Sarkozy. A croire qu'il y aurait donc ici une forme de dépolitisation qui explique en même temps la forte abstention de l'électorat populaire urbain pour ces deux scrutins.
Alors, quid du second tour? Sans nul doute que la droite -comme en 2008- a mieux résisté que la gauche ne le pensait. L'Histoire se répète donc. La réélection du sortant Yves Gargouil sur lequel peu de monde pariait en est un bel exemple. Elle n'est pas sans rappeler les déboires du PS à Montmorillon et à Availles-Limouzine voici 3 ans.
On peut estimer sans risque que les deux cantons de Châtellerault, ceux de Neuville, de Saint-Julien-l'Ars et de Lusignan reviendront au PS. La droite est assurée de ceux de Moncontour (pas de surprise dans ce domaine), et de Loudun. Qui peut croire que même avec des querelles entre élus locaux celui de Pleumartin puisse échapper à Bernard Doury?
Restent quatre interrogations. La force du pouvoir de vengeance de Gérard Herbert proprement "sorti" par Alain Fouché à Chauvigny est la première. Mais, l'avance de ce dernier est nette, et l'on voit mal pourquoi les électeurs des communes rurales du canton interviendraient dans les querelles du chef-lieu et renverraient celui qui les a choyées durant tant d'années. La seconde concerne André Sénécheau en difficulté à Couhé. Le canton change et surtout, A Sénécheau a été élu et toujours réélu dans des configurations conflictuelles à droite, ce qui n'a pas manqué de réduire la cohorte des amis sur lesquels on peut compter dans les moments difficiles... La 3ème et la 4ème concernent la gauche. A Civray, l'avantage historique revient au PS qui doit bénéficier d'un report impeccable de l'électorat de gauche au complet. C'est sur cet obstacle que B. Brunet avait butté en 1998. A Poitiers IV, Martine Gaboreau est victime de l'éternel différentiel de participation entre les quartiers de gauche et très abstentionniste de Poitiers et la commune de St Benoît notoirement orientée à droite et à tendance participationniste. Son avantage réside dans la division de la droite qui doit regrouper les voix de 3 candidats et récupérer celles du FN.
Au bout du compte on ne voit pas bien ce qui pourrait faire perdre la majorité à la droite au conseil général: la gauche devait gagner trois sièges, c'est plutôt mal parti pour elle puisqu'elle en est arrivée à devoir en défendre deux.
Reste un dernier écueuil: les "récalcitrants" de droite à la majorité départementale. La perte du canton de Couhé poserait alors bien des problèmes à Claude Bertaud compte tenu du soutien plutôt épisodique de Jean-Pierre Jarry élu à Poitiers V.