L'élection municipale de Poitiers de 1977 constitue un tournant dans la vie politique locale en mettant un terme à plusieurs décennies de gestion modérée puis gaulliste. En fait, la commune dérivait peu à peu vers cette issue, en raison d'un développement rapide à l'origine de quartiers nouveaux pourvoyeurs de nouveaux électeurs: les Couronneries par exemple. Ainsi, l'élection du gaulliste Pierre Vertadier en 1965 contre le modéré Jacques Masteau en 1965 constitue un bon indice de l'évolution en profondeur qui affectait Poitiers: le "mouvement" gaulliste, l'emportait sur "l'immobilisme" modéré.
Sans doute P. Vertadier commit l'erreur de vouloir aller trop vite et trop loin dans la modernisation. Taxé d'urbaniste pompidolien à l'intsar de Pradel à Lyon, sa popularité resista difficilement aux coups des pelleteuses chargées de faire place nette en plein coeur historique pour contruire des halles couleur béton surmontant un parking souterrain... Battu lors des cantonales de 1976 dans le canton de Poitiers sud tandis que son rival centriste Jacques Grandon était réélu dans le canton de Poitiers nord, il renonçait à se représenter lors des municipales de 1977.
Face à la liste d'union de la gauche conduite par le socialiste Jacques Santrot, une liste centriste, et une liste de la majorité (de droite) conduite par J. Grandon secondé par Jean-Yves Chamard, maire-adjoint sortant, s'efforçaient de prendre la succession de P. Vertadier. La gauche prenait légèrement l'avantage sur la droite au 1er tour. Eliminée, la liste centriste marginalisée laisait ses électeurs libres de leur choix. La conjoncture nationale achevait d'aider le mouvement de bascule. Jacques Santrot prenait la tête de la commune, appartenant à cette génération de maires socialistes du grand ouest qui remportaient des mairies longtemps démocrates-chrétiennes ou modérées (Rennes, La Roche-sur-Yon, Angoulême...).
Depuis, la droite locale tente de reconquérir la mairie en tentant des configurations différentes. J. Grandon échoue à nouveau en 1983 avec un score équivalant à celui de 1977. M. Roger n'a guère plus de succès en 1989, y compris avec le maintien de la liste des Verts au 2ème tour de scrutin. la droite chute alors à 41% des voix. JY. Chamard se casse les dents dès le 1er tour en 1995, l'écart est alors de 10%. Il est vrai que la gauche bénéficie pleinement de l'urbanisation des quartiers sud qui lui sont favorables.
Consciente de son manque de renouvellement, la droite choisit une tête de liste totalement nouvelle en 2001 en la personne d'Elisabeth Morin. Amie très proche de de Jean-Pierre Raffarin qui ne lui a pas encore laissé les clés de la région, elle manque une campagne active, tandis que J.Santrot est gêné par deux listes d'extrême-gauche plutôt pugnaces. La conjoncture nationale se révèle aussi favorable à la droite. Le second tour est plus serré qu'on ne le prévoyait: les problèmes de reports de voix et la mobilisation de l'électorat de droite permettent alors à la liste Morin de bondir de 42 à 47% des voix. En fin de compte, la droite retrove son score habituel, celui de 1977...
Depuis, Ségolène Royal a creusé son sillon: 60,6% aux régionales puis 59% à la présidentielle de 2007, sachant que F.Bayrou réunit 19,6% au 1er tour. Les candidats PS se renforcent aux législatives faisant une pointe à 61,4% en 2007.
1 Récapitulatif des élections municipales
2 Participation aux élections municipales
3 Les scrutins nationaux
4 Maires de Poitiers
1935 Pierre FUMEAU modéré
1937 Léon BOUCHET gauche
1941 Daphnis MOLINARI
1941 Jacques MASTEAU
1944 Pierre GUILLON
1947 Paul BLET modéré
1952 Jacques MASTEAU modéré
1965 Pierre VERTADIER gaulliste
1977 Jacques SANTROT PS
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire